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    Il venait de pleuvoir dans notre jardin,
    Loin des tiennes se tenaient mes mains,
    Mon regard tourné vers le ciel, mutique,
    L'orchestre entamait une triste musique.

    Les violons, les bassons et le hautbois,
    Hantaient de leurs mélopées le sous bois
    Sombre de mes insupportables pensées.
    Et la nature inventait une danse insensée

    Ainsi à la marche funèbre de Beethoven
    Répondait une végétation lacrymogène
    Les fougères aigles, hautement toxiques
    Ondoyaient leurs symphonies héroïques

    Déversant dans mon crâne leur poison
    Causant une hémorragie de la déraison
    Me rongeant la moelle cérébrale des os
    Tandis que le chœoeur amorçait un mezzo

    La belladone me tendait ses baies sombres
    Les cuivres lançaient des cris dans l'ombre
    Nos paroles échangées rouvraient les plaies
    Que les percussions de la ciguë décuplaient

    Ma souffrance suivait le tempo mélancolique
    De l'adagio mourant sur une note bucolique
    Les chênes étalaient au soleil leurs frondaisons
    Un soleil encore pâle, une paix en floraison

    Je quittais la froideur de cette obscure forêt
    S'étendait devant moi un parterre de bleuets
    Bach engageait ses deux violons à s'exprimer
    Dans ce concerto d'azur l'amour se ranimait

    Nos mains s'entrelaçaient sur la douce harmonie
    Les bleuets, aux violettes faisaient cérémonie
    Leurs limbes à l'allure de cœoeur toulousain
    Embrassaient tes lèvres, caressaient tes seins

    L'arôme de ton corps, enivrait tous mes sens
    Du satin de ta peau j'effleurais les nuances
    Les mélodieux contours, comme la musique
    Le mauve des fleurs, la symphonie magique

    Ton ventre s'offrait, j'y déposais des baisers
    J'y enfouissais mon visage, je m'y apaisais
    Ta main dans mes cheveux, jouait des accords
    Le jasmin grimpait sur la portée de nos corps

    L'élan de notre passion mêlait nos lèvres
    M'emportant dans un tourbillon de fièvre
    Le piano cristallin de Grieg, tel une rose
    Son adagio sur nos bouches en symbiose

    Eclosait en mon coeœur les roses du bonheur
    Le son pur du clavier élançait une clameur
    Mes mains sur ton corps interprétaient en do
    L'extase de l'exaltation montant crescendo

    J'effleurais ton bouton de rose, en mi majeur
    Mes doigts le faisaient éclore avec douceur
    Tes pétales s'ouvraient, humides de ta rosée
    J'avais soif de toi, ma bouche s'est désaltérée

    Mozart glissait sa petite musique de nuit
    Une romance andante, je goûtais ton fruit
    Ta petite fleur de muscari, rose et blanche
    Semait en moi son parfum en avalanche

    La liqueur de ton corps, ton précieux pollen
    Bu à la corolle à deux lèvres de ta marjolaine
    Tourne mes sens, ton plaisir monte et frémit
    Quand les notes du piano s'envolent en mi

    Souffle surpuissant de la nature qui s'éveille
    Sonate de Chopin, esquissant ses merveilles
    Violons et violoncelles enlacés de tendresse
    Eclatante harmonie d'un piano d'allégresse

    Ma bouche escalade tes belles collines, lentement
    Ma peau chuchote à ta peau des paroles d'amants
    Nos baisers sont frais où, dans ce pré vert de jade
    Les notes rouge des belles adonis offrent l'aubade

    Mon iris s'épanouit, s'ouvre, pour toi se dresse
    Au coeœur de ta rose trouve refuge avec tendresse
    Parmi les cuivres d'une symphonie de Rossetti
    Nos corps ne faisant qu'un battement d'harmonie

    Vibration à ma chair de la douceur de ton calice
    Sensation du tendre étau de ta rose sur mon iris
    Opéra à deux voix de Praetorius, hymne d'amour
    Volupté sereine du clavecin, des cuivres toujours

    Lents mouvements, divine prière soufflée en toi
    Champ de blé qu'une chaude brise légère chatoie
    Chant divin dans ta chapelle, envolée de colombes
    Mon âme dans la tienne, de bonheur je succombe

    Tes jambes m'enrobent telles des clématites
    Me retiennent à toi, et plus profond m'invite
    Tes mains glycine s'agrippent à mes cheveux
    Mon regard perdu dans le tien brûlant tu veux

    Nos corps dans une ardente envolée lyrique
    Pluie de pétales, milliers de couleur féerique
    Se tendent en beau cantique d'unité fusionnelle
    Dernière note poussée, nos « je t'aime » éternel

     

                 

     


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