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Par jeanmimidariege1 le 12 Septembre 2006 à 01:21
Un soir brouillard, aux tréfonds, m'en reste souvenance,
Dehors en gouttes embrouillées, tombaient des couteaux souillés de sang,
Au sol sous le choc, les pavés explosaient en résonance,
Novembre cinquante neuf blafard, dégueulant son spleen en arrière-plan,
Ruisselant jusqu'à l'égout de mon obscure naissance.
Une mise bas, sans liesse, d'une femme amputée de la tendresse
Qui ne souhaitait pas, y en avait déjà trois, de mes pitoyables abats
Pendu par les pieds, déjà condamné, une bonne raclée sur les fesses
Primale détresse criée, initiale pensée, bouillie d'idées Blédina
Prémices de conscience d'une vie d'enfant-mendiant de caresses
Mon géniteur désabusé,
Sur sa descendance penché,
A alcooliquement éructé,
Son jugement prématuré,
Trop noir il m'a expertisé,
Seulement un peu cyanosé...
Papa valise s'est barré,
La bouteille l'a aliéné,
Plus jamais on s'est croisé
Soixante et onze l'a vu trépasser.
Marmot sans père, sans phare, sans Dieu, sans loi, hors de moi
Sans passion, sans fiel, sans grandes joies, sans grandes peines
Sans confort, sans effort, sans argent, sans soucis, sans surmoi
Juste élevé au sein flasque et indifférent d'une mère incertaine.
De câlins maternels, de « je t'aime », j'ai fantasmé tant de fois
D'absentéisme je t'accuse, t'as pas d'mots d'excuses
Dix ans j'ai enduré le dressage de soeur tortures
Sortie de bain rouge sang, gratté immaculé, soeur méduse
Affublé de bermudas velours élimés, tons vomissures
Pull-over gratte-cou issu de la charité, pauvreté incluse.
Ma génitrice a abusée,
A sa descendance frustrée,
D'amour n'a pas donné.
Par peur d'argent manqué,
Pour du blé a tout sacrifié,
Et a définitivement oublié
Qu'des enfants, faut les aimer.
Y a que des rejetons abandonnés,
Des traqueurs d'amour aliénés
Une famille psycho-défoncée.
Vint l'ère de l'exubérance, ce temps maudit de l'adolescence,
Treize ans, quarante kilos de trop, diplôme de gnomitude en poche
La puberté débridée, dans mon slip, dilatait sa protubérance.
Draguer, l'obsession inavouable, pas facile de plaire si t'es moche
Lors j'appâte, épate et flatte motorisé, et de sexe fait bombance.
Illusion d'être un homme, un vrai, je roule des mécaniques,
Adhérent au parti des voyous, le boss a remplacé mon père,
J'honorais les lois de ma bande de boutonneux acnéiques
La délinquance pour unique horizon a forgé mon caractère
Avoir pour toute bannière « les bourgeois on les nique »
Mes relations amoureuses abusées
De n'être d'accord qu'à moitié
En caves de cité, j'ai « baisé »
Filles faciles et dévergondées.
Pour un instant entre paumés,
Leurs corps m'ont abandonnés.
Leurs visages très vites oubliés.
Vous mes conquêtes mal aimées
Je vous demande de me pardonner
D'avoir ainsi souillé votre virginité.
La majorité m'a démoli par accident à juste dix neuf ans,
Prénom : Mythomanie. Nom : Seine Saint Denis – le «neuf-trois»
Âge : femme. Taille : quinze centimètres de trop et pourtant
C'est elle qui m'apprendra l'amour, l'appartement, le désarroi,
La déchirure quand, pour ma nation, j'étais bouffon du contingent
Elle m'a laissé un mauvais goût dans la bouche, l'acidité de l'existence,
Trois mois de mytho bonheur, huit mois de silence, ça fait un enfant
En un instant je deviens père, d'un coup de fil, Arnaudnaissance
Retrouvaille-ment, elle repart, silence, Delphinaissance, noir-néant
Enfants inconnus, gamins sans père, adultes à présent, destin vengeance
De ma naïve fragilité tu as abusé
D'avoir sans mon accord maternisé
Tu m'as assurément mythomanipulé
Pierre tombale sur mes jeunes années
En épitaphe «Ci-Gi sèle qui m'as tué»
Depuis toi, par le mensonge obsédé
J'ai toujours douté de toutes les vérités
Nos deux enfants me sont étrangers
Comme moi en carence de paternité
Comme moi une mère déglinguée
La vingtaine perturbée, je change de spécialité « accidentellement »
Je dessinais comme on rêve, d'industrielles machines sur du papier
J'éduquerais comme on aime, d'incurables enfants sur des lits blancs
Bon Dieu, j'en ai aimé des gamins cancérisés, petits corps irradiés
J'en ai vu partir, étoiles agonisantes, dans l'au-delà du firmament
L'esprit envahi de ces spectres juvéniles, je tente d'exorciser le passé
Mais les succubes sont plus forts, sur l'amour adultérin mon coeur s'égare
Je passe avec brio l'examen d'amant, «mention très bien» s'est-elle pâmée
D'un bel et grand hispanisant j'avais ravi la belle, son lit devint mon alcazar
Mais un matin de printemps, une femme en blanc est venue s'interposer
Par un pari ça a débuté, j'ai abusé,
D'avoir fait le malin, j'ai gagné.
Six mois durant, c'était le pied,
Deux femmes, en choeur j'ai aimé.
L'une était chaude mais mariée
L'autre libre sans être libérée.
La première en automne m'a quitté,
L'autre j'ai finis par l'épouser.
Pour deux balles, que j'ai misé,
Avec les femmes, faut pas jouer.
Aspiration d'une ère longtemps escomptée, quiétude, amour et sagesse,
Déçu, le film s'appelait «métamorphose, tempêtes, disputes et passions»
Surgit le temps des injonctions, les « je veux et j'exige » tout en finesse
Sa subtilité comme arme, j'ai capitulé, accepté pour éviter la séparation
L'amour s'effritait dans l'ombre, lutte de pouvoir, chacun sa forteresse
Sous nos apparats de couple assorti, nous naviguions aux vents mauvais
Mes duperies, espaces de libertés contrant une volonté perfectionniste
Mon impulsivité, prière maladroite de reconnaissance de mon être vrai
Sa finesse despotique, masque pour personnalité pauvre et matérialiste
L'amour fut borgne, la passion dévorante, je l'ai aimé fort, je le jurerai
On s'est battu pour exister
On s'est battu pour s'aimer
Quelquefois on s'est rencontré
Quelquefois on a tout partagé
Tant de fois on était trop collé
Tant de fois on s'est disputé
Toujours des tumultes passionnés
Toujours réconcilié sur l'oreiller
Jamais on a réussi à dialoguer
Jamais on a su simplement s'aimer.
Quatre ans durant, tour à tour, de l'autre, nous jouions le dictateur
Elle, caprice de posséder un enfant, moi, inquiétude de mon passé
Un nid, avons bâtit, pour elle je fus maçon, charpentier et décorateur
Les plâtres encore humides pour accueillir le divin désiré nouveau né
Troisième enfant d'un père vivant enfin sa première grossesse bonheur
Enfant conçu dans une maison hantée, pour amour chimérique, destinée
Sensation bizarre, paternité obsédante, mélange frayeurs et exaltations
Ma vie me talonnait tel un cheval au galop, tout derrière et rien devant
Son minuscule sourire angélique et mystérieux me comblait d'émotions
Magique elle était, Morgane de toi, un papa gaga, un amour émouvant
Vint Camille et Elsa ensuite, deux enfants d'un amour déjà en perdition
Trois enfants d'un amour éthéré
Morgane la fée nous a enchantée
Camille l'émotif clown motorisé
Elsa des yeux étonnés de poupée
La famille dont j'avais jadis rêvé
Bonheur papa naguère abandonné
Pseudo-idée de l'existence réalisée
Que le néant du NOUS a précipité
L'air sentait le chaud ce jour d'été
Où je lui ai annoncé : on va divorcé
Une sauvageonne hallucinée m'a tendue ses lèvres, ouvert ma conscience
Enfoncée le pieu sanguinolent de la terrible vision d'un couple agonisant
Réveiller une conscience anesthésiée, attention danger, cruelle expérience
Déclaration de guerre, mobilisation des troupes, divorce conflit nécrosant
Les barrières tombent, les frustrations s'expriment, remords de l'alliance
Comptabilité vénale, vengeance spéculative, perte de ma dernière identité
D'un coup de glaive empoisonné, je perds mon sens, je me déséquilibre
Je doute de moi, plus rien qu'une dépouille chutant au néant des ipséités
En moi sont mort l'époux, l'amant, le père, l'être social, reste un fou libre
S'enfoncer plus profond jusqu'aux frontières de l'enfer et s'y précipiter
Hiver deux mille quatre : déprimé
Toutes les larmes de l'âme versées
De ne plus l'aimer, j'ai même douté
Coupable du carnage, me suis accusé
Pensé : la mort comme douce liberté
Devenir vraiment fou m'était familier
Des nuits entières, cauchemar éveillé
Regarder vide les secondes s'égrener
Une semaine sur deux, papa à moitié
Vie schizophrénique d'un père divisé
Les mois suintaient, morve à l'oeil torve, sur les murs livides de l'existence
J'essuyais cette boue, faisait propre quand les enfants égayaient mon logis
Mon crâne travaillait à faire place nette, entrée en thérapie d'Effy-science
Monastère de l'inconscience, la maladie est le mal-à-dire, belle psychologie
Logorrhée verbale apaisante, analyse avertie des actes, enfin la renaissance
Concomitamment (!), mon être se réparait, laissant parfois paraître une faille
Humain fragile je suis et resterais, vacillant sur le pont du navire dans la houle
Avec le mal de mère, le père à la mer, vomissant mon enfance au chimbail
Eructant mon mal-être en tumulte de mots, démo des maux, j'en ai un sadoul
Parenthèse temporelle, vision d'une révélation, TOI, au fond de mon poitrail.
Et.......
Mais «TOI SISSI» est une histoire heureuse, je n'oserais la ternir
Dans ce récit si sombre, alors d'un autre récit consacré à l'avenir
Elle sera mon héroïne, permettez moi sur la pointe de pas de partir
Vers mes pensées, à TOI je vais rêver, et dans tes bras me blottir.
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