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    Fleuve d’heures transparentes qui dégoulinent vers le passé,

    Sinueuse marée hypnotique. Parfois torrent qui se déchaîne,

    Radieuse danse argentée ou boue gluante de cafards entassés.

    Du ventre maternel au ventre de la terre, l’existence s’égraine.

     

    Ta pirogue paraît immobile sur l’onde, ta vie fait une pause,

    Mensonge, l’esquif prend l’eau, c’est le néant du sentiment,

    Mais la faucheuse doucement à ton corps inflige ses nécroses

    Le carillon tourne toujours, lui, inlassablement, indéfiniment.

     

    Courant liquide qui t’emporte, tandis qu’à la hâte tu écopes,

    Tu crois qu’en remontant la rivière tu rattraperas les beaux jours,

    Niaises chimères ! Les bonheurs perdus ont rejoint leur biotope

    Au fond de l’abime, le cimetière des souvenirs nourrit les vautours

     

    Je ne rame plus, au soir, le soleil embrase l’eau, la forêt et mes yeux.

    La mélopée des alizés dans la canopée transporte tout mes sens,

    Une sirène m’accompagne, dans ce périple au terminus silencieux

    Là-bas, où le tonnerre de la cascade rythme les heures de l’absence.

     

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