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    Dans ma caboche résonnent les tambours d'agonie.
    Le « ran-tan—tan plan » funebre, lent, macabre.
    Le froid chaos de la chair sans vie, le vomi de la vie.
    Me saouler une derniere fois, comme un cheval se cabre

    Me saoul-lacher, tituber, cahoter du coeur,
    Me vomir, jusqu'a ma cervelle sur le bitume.
    Mes morceaux d'idees, mes reliefs de noirceur
    Eructation orduriere, coulent telle de la spume

    Dans la marre glauque de mon vomi cervical.
    Parfois, des mots encore agonisants, vibrants,
    Tentant de surnager dans le cloaque arsenical.
    Soubresauts du ventre et des tripes, hoquetant

    Lorsque s'expulse en jets les matieres stomacales.
    Amalgames de mort et de verte bile nauseabonde,
    Se repandre sur le goudron, plie en deux, bancale
    Les yeux exorbites de peurs,de douleurs vagabondes.

    S'eclabousser les chaussures, le pantalon, s'humilier.
    Se denuder les entrailles, debander lamentablement.
    Ne plus etre rien, qu'une mixture pestilentielle, l'inanite
    Que la giclee de la betises humaine s'autoregurgitant.

    Degueuler n'est pas jouer. Mal de mere sur cette terre.
    Je me vomi de tous mes orifices, par tous mes sphincters
    Reduit a n'etre que peau assechee sur carcasse animaliere.
    Je ne veux plus de l'humain que je suis. C'est un calvaire

    Revenir a la plus simple expression, le vomi.
    Entendez bien : le vomi et non « le mot vie ».
    Rien a sauver, je ne veux pas de compromis
    Jetez tout, tout ce qui toujours m'a desservit

    Mon corps ne vaut pas d'etre cede a la science.
    Mon ame ne vaut, la condescendance des anges.
    J'entends qu'on transforme mon insignifiance
    En pate pour gallinaces, que les poules me mangent.

    Ces etres qui sont les plus ineptes de la creation.
    N'etre plus, ensuite, que de la fiente de poule.
    Au fond d'une fange poulaillere, fecale excretion
    Suicide aviaire, Suicidaire a vie. Vie qui s'ecroule

    Aujourd'hui un homme a saute de la tour Montparnasse,
    Deux cent vingt metres de vomi de la vie, suicide abouti
    A-t-il crie dans sa chute voulue (chut !), je ne sais helas
    Derniers mots a 180 Km/heure. Cri par le vent englouti

    Dix secondes de vol libre, etre un oiseau, voler.
    Voler les mots, je ne veux pas les mots te derober
    Te violer les maux, je prefere te les voir lancer
    A l'horizontale, balistique de tes sons, chuchotes

    De ta bouche a mon oreille, comme un souffle chaud
    Dix secondes par jour, quelques seconde de bonheur
    A la memoire de cet inconnu desespere. De son saut
    Du silence de sa bouillie de chair, de sang, de malheur,

    Malheur qui a du laisser une flaque de vomi humain,
    D'humanite inhumaine, ce grand desespoir inconnu
    Qui devait ressembler a mes maux, d'un rouge carmin
    A baigne le sol Parisien, du silence je n'en veux plus.

     


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