•  

     


    L’autre matin, sur le périphérique surchargé de mon cœur,

    Survint un accident de la circulation… vers onze heures.

    Débouchant d’un carrefour vers une artère principale,

    Un poids lourd, camion citerne brillant d’éclatant métal,

    Chargé à ras bords d’une cargaison de noire nicotine,

    Percuta de plein fouet une remorque de gras de cuisine,

    Les deux véhicules se plièrent dans un fracas assourdissant,

    Puis s’immobilisèrent lentement dans un silence agonisant.

     

    Derrière… la circulation fut paralysée,

    Dégâts collatéraux, parapets arrachés,

    Devant… un vide béant, panique haletante,

    Le cœur de la cité palpite, douleurs brulantes.

     

    Appel de détresse, on envoya sur les lieux les secours d’urgences,

    Toute une équipe de mains puissantes, sirènes d’ambulances,

    Tout un peuple au regard humain, le mien était chagrin.

    Fluidifier le trafic, tenir le soleil en vie dans ce clair matin.

     

    Des fourmis de blanc vêtues, affairées autour de cette carcasse éventrée,

    Armée de machines puissantes qui plantaient leurs crocs dans le métal calciné.

    Découpant d’une précision chirurgicale les tôles dans ce magma toxique,

    Eviter d’autres carambolages, éviter que la mort crie victoire, rétablir le trafic.

     

    Des heures et des heures d’acharnement,

    A grands coups de seringues et de calmants,

    De perfusion de vie, de bétabloquants,

    Jusqu’au soir, et le calme du lit blanc.

     

    L’urgence passée, au soleil rougeoyant,

    Une réunion eut lieu au « QG » stratégique,

    Réunion extraordinaire, les yeux effervescents,

    Parés de rouge, stabilisés par les antalgiques.

     

    Tous étaient présent, raison et passion,

    Passé et avenir, froideur et sentiments,

    La peur souriait fort, elle avait remplie sa mission,

    L’amour, tenait son crâne entre ses mains, pensant.

     

    La raison prit la parole d’un ton solennel :

    Elle décréta les mesures à prendre immédiatement,

    1. Stopper les fumées bleues qui obscurcissent le ciel,
    2. Nettoyer les flaques d’huile qui font déraper irrémédiablement,
    3. Envoyer le service de la voirie, faire place à l’hygiène,
    4. Regarder tous les matins le soleil se lever,
    5. Exercice obligatoire, quotidien : inspirer l’oxygène,
    6. Installer un radar spécialisé dans le salé-sucré.

     

    Adopté à l’unanimité moins trois voix,

    La cause fut entendue, la peur se retira,

    La dépression aiguisait les flèches de son carquois,

    La mauvaise habitude railla et dit « on verra ! »

     

    Malgré tout, le quartier général embrumé de calmants,

    Fonctionnait presque correctement, l’on décida de poursuivre,

    L’Amour se leva, il toussota, pris un long moment,

    Ses mots résonnèrent, le lieu tangua comme un bateau ivre.

     

    L’amour devra être, et sera la seule et unique protection,

    Du battement de son cœur, du tressautement des artères,

    De la fluidité de son sang et du sens unique de la circulation,

    Que vive le temps du sursis, un peu de bonheur sur cette terre.

     

     

    <o:p></o:p>


    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique