-
Par jeanmimidariege1 le 12 Septembre 2006 à 10:58
Le banc me glace l'épiderme
Le froid métal dont il est forgé,
De son créateur, ici renferme
Toute une perversion dérangée.
Le frôlement de cette banquette
Semblable au souffle satanique,
Sur mon attente, de la mort, jette
Un noir et lourd linceul maléfique.
Cela fait quatre jours interminables
D'attente en cette prison abandonnée.
Bien sur je suis résolument coupable
Comme tout humain, dès qu'il naît.
D'avoir été faillible de nombreuses fois.
Coupable d'une vie de misère affective,
Coupable du besoin d'être aimé, maladroit
Coupable de mes humeurs impulsives,
Coupable d'attendre trop d'amour de toi,
Coupable d'avoir dit des mots désagréables,
Coupable de n'avoir jamais aimé que toi.
Coupable de mon passé qui m'accable
Coupable pour ma mère,
De son absence d'amour
Coupable pour mon père,
De son absence tout court
Coupable d'être ou de ne pas être,
Coupable de ne pas savoir exister,
Coupable de ma vie de mal être,
Coupable de mon cerveau rongé,
Alors j'attends ici, dans ces murs sales,
Où les verrues de moisissures pullulent
Telles des gueules ouvertes qui m'avalent
Squames de peinture, menaçantes mandibules
La pièce est dépouillée, je suis nu sur ce banc,
Je suis coupable, assis au banc des accusés,
Banc de honte, perce mon crâne d'un trépan
Relégué par ma conduite au ban de la société.
J'attends dans l'angoisse folle de la sentence.
Mes pieds traînent sur le dur carreau de béton.
J'aimerais y enfoncer toute ma triste existence,
Qu'il m'engloutisse dans la pierre, au tréfonds.
J'attends, la tête baissée, lourde de mes pensées
Qui s'enchaînent, chaînes internant mes neurones,
Mes yeux posés sur ma tumeur pseudo virilisée
Me classant parmi les hommes, dans leurs faunes.
Je connais déjà la sentence, il me semble entendre
Depuis quelques heures déjà, au milieu de la place
Là ou mon corps, dans un instant va se distendre
Le bourreau aiguisant ses instruments de disgrâces.
Suis-je enfin prêt ? Pas encore...
Encore quelques notes à laisser,
Quelques mots... avant la mort
La paix à bâtir avec mon passé.
L'odeur lourde de mon cur en putréfaction
Rempli cette antichambre d'une pestilence
Odeurs aigres de la peur, relents nauséabonds
Souffle acide de mort, parfum de délivrance.
Quand la sonnette de la justice retentira,
Que tu proclameras, juste, ton jugement
Je serai digne, là, tout nu dans ce froid.
Mais les heures vident passent, j'attends.
Immobile dans cette cage au barreau de sang,
Cachot sans porte libératrice, dont je crois
J'ai scellé la grille moi-même, violemment
Sans issue, sans serrure, dans mon désarroi
Je tue mon cerveau lentement, à trop penser
Mes idées s'entrechoquent dans un bruit strident
Je fais des efforts immenses pour les évacuer,
De mon crâne expulser les cauchemars obsédants,
Mais en me libérant, leurs essences filent
Rebondissant sur les murs délabrés,
Me renvoient à mes blessures indélébiles
Les plaies du passé non cicatrisées
Alors elles me reviennent plus féroces encore,
Me frappent la poitrine, le ventre, le sexe,
Me lacèrent de leurs griffes. Taillent mon corps,
J'ai mal. Et cette souffrance est complexe.
Parfois une vient qui frappe furieusement
Ma cage thoracique, je suffoque,
Mes yeux se voilent, pleurent de tourments
Ma gorge se noue. Je me disloque.
Parfois la peur de cette parole que tu prononceras,
Roule, folle, comme seule la terreur peut le faire
Sous mes pieds, le sol se dérobe, je titube, las
Je tombe dans un puit sans fond, mon ossuaire
Délivre moi vite de cette attente carnivore
Que je puisse rejoindre les oiseaux,
Dehors, hors de ma vie, hors de mon corps,
Hors de mon âme, hors de ma peau.
Léger je serais, l'âme au vent l'emporte
Sans ce lourd fardeau
Que depuis l'enfance toujours je porte
À me rompre le dos.
Déjà je suis froid, cadavérique rigidité,
Lourd de tous ces maux
Que les mots ne suffisent a exorcisés
Au diable mon cerveau
Ils m'ont accablés, pesés,
Empêchés ma croissance.
Monstres, de sang affamés,
Détruisent ma conscience,
Font des trous dans ma cervelle.
Des trous de mauvaises humeurs,
Le manque d'amour m'ensorcelle
D'indifférence cruelle, je meurs
Libère moi, notre histoire conclue
De la vérité, ne me soustraie
Et si l'amour entre nous n'est plus
Alors en paix, je m'envolerais.
votre commentaire
Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique