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    Le banc me glace l'épiderme
    Le froid métal dont il est forgé,
    De son créateur, ici renferme
    Toute une perversion dérangée.

    Le frôlement de cette banquette
    Semblable au souffle satanique,
    Sur mon attente, de la mort, jette
    Un noir et lourd linceul maléfique.

    Cela fait quatre jours interminables
    D'attente en cette prison abandonnée.
    Bien sur je suis résolument coupable
    Comme tout humain, dès qu'il naît.

    D'avoir été faillible de nombreuses fois.
    Coupable d'une vie de misère affective,
    Coupable du besoin d'être aimé, maladroit
    Coupable de mes humeurs impulsives,

    Coupable d'attendre trop d'amour de toi,
    Coupable d'avoir dit des mots désagréables,
    Coupable de n'avoir jamais aimé que toi.
    Coupable de mon passé qui m'accable

    Coupable pour ma mère,
    De son absence d'amour
    Coupable pour mon père,
    De son absence tout court

    Coupable d'être ou de ne pas être,
    Coupable de ne pas savoir exister,
    Coupable de ma vie de mal être,
    Coupable de mon cerveau rongé,

    Alors j'attends ici, dans ces murs sales,
    Où les verrues de moisissures pullulent
    Telles des gueules ouvertes qui m'avalent
    Squames de peinture, menaçantes mandibules

    La pièce est dépouillée, je suis nu sur ce banc,
    Je suis coupable, assis au banc des accusés,
    Banc de honte, perce mon crâne d'un trépan
    Relégué par ma conduite au ban de la société.

    J'attends dans l'angoisse folle de la sentence.
    Mes pieds traînent sur le dur carreau de béton.
    J'aimerais y enfoncer toute ma triste existence,
    Qu'il m'engloutisse dans la pierre, au tréfonds.

    J'attends, la tête baissée, lourde de mes pensées
    Qui s'enchaînent, chaînes internant mes neurones,
    Mes yeux posés sur ma tumeur pseudo virilisée
    Me classant parmi les hommes, dans leurs faunes.

    Je connais déjà la sentence, il me semble entendre
    Depuis quelques heures déjà, au milieu de la place
    Là ou mon corps, dans un instant va se distendre
    Le bourreau aiguisant ses instruments de disgrâces.

    Suis-je enfin prêt ? Pas encore...
    Encore quelques notes à laisser,
    Quelques mots... avant la mort
    La paix à bâtir avec mon passé.

    L'odeur lourde de mon cœur en putréfaction
    Rempli cette antichambre d'une pestilence
    Odeurs aigres de la peur, relents nauséabonds
    Souffle acide de mort, parfum de délivrance.

    Quand la sonnette de la justice retentira,
    Que tu proclameras, juste, ton jugement
    Je serai digne, là, tout nu dans ce froid.
    Mais les heures vident passent, j'attends.

    Immobile dans cette cage au barreau de sang,
    Cachot sans porte libératrice, dont je crois
    J'ai scellé la grille moi-même, violemment
    Sans issue, sans serrure, dans mon désarroi

    Je tue mon cerveau lentement, à trop penser
    Mes idées s'entrechoquent dans un bruit strident
    Je fais des efforts immenses pour les évacuer,
    De mon crâne expulser les cauchemars obsédants,

    Mais en me libérant, leurs essences filent
    Rebondissant sur les murs délabrés,
    Me renvoient à mes blessures indélébiles
    Les plaies du passé non cicatrisées

    Alors elles me reviennent plus féroces encore,
    Me frappent la poitrine, le ventre, le sexe,
    Me lacèrent de leurs griffes. Taillent mon corps,
    J'ai mal. Et cette souffrance est complexe.

    Parfois une vient qui frappe furieusement
    Ma cage thoracique, je suffoque,
    Mes yeux se voilent, pleurent de tourments
    Ma gorge se noue. Je me disloque.

    Parfois la peur de cette parole que tu prononceras,
    Roule, folle, comme seule la terreur peut le faire
    Sous mes pieds, le sol se dérobe, je titube, las
    Je tombe dans un puit sans fond, mon ossuaire

    Délivre moi vite de cette attente carnivore
    Que je puisse rejoindre les oiseaux,
    Dehors, hors de ma vie, hors de mon corps,
    Hors de mon âme, hors de ma peau.

    Léger je serais, l'âme au vent l'emporte
    Sans ce lourd fardeau
    Que depuis l'enfance toujours je porte
    À me rompre le dos.

    Déjà je suis froid, cadavérique rigidité,
    Lourd de tous ces maux
    Que les mots ne suffisent a exorcisés
    Au diable mon cerveau

    Ils m'ont accablés, pesés,
    Empêchés ma croissance.
    Monstres, de sang affamés,
    Détruisent ma conscience,

    Font des trous dans ma cervelle.
    Des trous de mauvaises humeurs,
    Le manque d'amour m'ensorcelle
    D'indifférence cruelle, je meurs

    Libère moi, notre histoire conclue
    De la vérité, ne me soustraie
    Et si l'amour entre nous n'est plus
    Alors en paix, je m'envolerais.


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